Contexte

En 2012, le Groupe d’étude sur la Loi sur les boissons alcoolisées du Nunavut a publié le rapport Une nouvelle approche : mettre fin aux méfaits, qui explique un vaste processus de consultation impliquant toutes les communautés du Nunavut. L’objectif principal du rapport était de formuler des recommandations en ce qui concerne la Loi sur les boissons alcoolisées, comme des recommandations clefs visant à réduire les méfaits liés à l’alcool, et à informer le public de la région sur la consommation d’alcool responsable, ou moins risquée.

De nombreux facteurs externes font en sorte que la consommation d’alcool au Nunavut est unique comparativement au reste du Canada, comme la pauvreté, la perte d’identité culturelle, les conditions de vie, l’isolement en raison de l’éloignement des communautés, les traumatismes passés et actuels ainsi que le racisme et la discrimination systémiques.

Le rapport Mettre fin aux méfaits a révélé, parmi les préoccupations des membres de la communauté, que la consommation abusive d’alcool était devenue normale pour trop de personnes au Nunavut. Les Nunavummiuts signalent davantage de cas d’hyperalcoolisation rapide que le reste du pays, ce qui a entraîné une culture où la consommation d’alcool à « risque élevé », comme la consommation abusive d’alcool et l’hyperalcoolisation rapide, est une habitude de consommation courante. Selon le rapport Mettre fin aux méfaits, cette culture d’hyperalcoolisation rapide est responsable d’un grand nombre de problèmes personnels, familiaux et sociaux. La violence familiale est un problème particulièrement préoccupant, et les taux de crimes violents s’élèvent à plus du double de la moyenne nationale. La GRC estime que l’intoxication alcoolique est responsable de plus de 95 % des interventions et des arrestations sur le territoire.

Le rapport Mettre fin aux méfaits a également signalé que plus de la moitié des femmes enceintes consomment de l’alcool durant leurs trois premiers mois de grossesse, et que plus du quart des bébés nés au Nunavut présentent des symptômes du trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF) résultant de la consommation d’alcool d’une femme durant sa grossesse. Un lien a également été établi entre la consommation d’alcool et la dépression et le suicide au Nunavut.

Malheureusement, le rapport Mettre fin aux méfaits a mis en lumière les effets dévastateurs de la consommation d’alcool sur les familles. Le ministère des Services à la famille estime que 90 % des affaires liées à la protection de l’enfance sont associées à l’alcool. Les enfants de parents dont la consommation d’alcool est risquée peuvent développer des problèmes qui persisteront toute leur vie, comme une faible estime d’eux-mêmes, la solitude et la dépression.

Ayons les idées claires/Ujjiqsuqta ne recommande pas aux gens de ne pas boire d’alcool. Il propose plutôt aux Nunavummiuts des façons prudentes et socialement responsables de consommer de l’alcool qui contribueront à réduire les méfaits pour les personnes qui choisissent de boire. Le but recherché est que les Nunavummiuts acquièrent des connaissances et des habiletés pour faire preuve de modération dès aujourd’hui et promouvoir une consommation d’alcool responsable et prudente pour les générations futures.